Les franchises médicales sont indispensables au bon fonctionnement des rouages économiques de la société française. Vous le savez tous déjà, mais pour le plaisir, je vais évoquer quelques arguments en faveur de leur instauration.
Tout d'abord, les personnes à petits revenus et santé précaire en seront les plus affectées, d'où un double effet: leurs budgets, déjà fragiles, seront encore plus mis en péril, et selon la stratégie que j'ai déjà évoquée plusieurs fois, les angoissses qui en résulteront les conduiront soit à un fatalisme et un repli sur soi, soit à des accès de colère impuisante qui alimenteront les tensions sociales et nous permettront de réprimer encore plus et de continuer le fichage de ceux qui furent autrefois des citoyens et ne sont plus désormais que des porte-monnaie à vider encore plus. Si ces personne malades et fragiles sont entourées de famille et voisins ayant le sens de la solidarité, ceux-ci les aideront et prendront à leur charge une partie des dépenses qu l'Etat assurait jusqu'ici, et ce en développant ce sens si monothéïste de la charité privée envers les plus faibles au lieu de militer politiquement pour la remise au goût du jour de notre si dépassée "fraternité" nationale.
Ensuite, ces franchises nous permettent de continuer à culpabiliser les patients en leur faisant croire que c'est de leur faute si la sécurité sociale est en déficit: ils oublieront progressivement qu'autrefois même les grandes entreprises cotisaient à cette caisse de solidarité nationale, avant le temps béni des exonérations de charges. Arrêtons-nous quelques instants et souvenons-nous du si magnifique hold-up linguisique que nous avons réussi: transformer le mot "cotisations" en "charges" ! Je ne sais toujours pas si je dois pleurer d'émotions devant un tel coup de génie ou hurler de rire en voyant à quel point ce glissement de sens a été facile à faire !
Pour terminer ce petit exposé incomplet, souvenons-nous que cette mise en faillite progressive de la bientôt défunte sécurité sociale oblige chaque personne un tant soit peu raisonnable à se tourner vers les mutuelles privées pour obtenir une couverture minimum, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir, vu les profits que nous pouvons réaliser par la distorsion que nous allons bientôt créer entre le montant des cotisations et celui des remboursements. Je reviendrais une autre fois sur le sujet des mutuelles médicales.
Je me dois cependant de terminer sur une note un peu plus inquiète: ne relachons pas nos efforts pour éloigner des oreilles du grand public les propositions de taxes sur les mouvements de capitaux. Cette taxation immonde sur notre argent à nous permettrait de sortir la sécurité sociale de l'impasse dans laquelle nous avons réussi à la coincer après des années de combat des gouvernements de droite comme de gauche contre les quelques irréductibles partisans de la solidarité nationale.
NON
À LA TAXATION DE NOS CAPITAUX
OUI
À L'ASPHYXIE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
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