hier, j'écrivais un billet triste, puis je l'ai effacé, disant qu'il ne se faisait pas de partager le désespoir - le désespoir est un mot chargé, me direz-vous. Hier, je voulus lire l'extrait en ligne du livre de Mme Arcan, Paradis clé en main, puis je me suis dit que je ne devais pas.
Comment, pourquoi, la force de vivre? La force d'être heureux.
Le courage, quand on a tout : le physique, le rire, la santé, les parents, la famille, les enfants, le chum, la chance, la tête - de rajouter cette couche essentielle à la vie : le bonheur?
Comment, pourquoi?
Parce que "M", qui aimait tellement la vie, me fouetterait de ne pas vouloir en jouïr.
Y a des jours comme ça où être heureux nous semble ridicule, tellement quelque chose de si simple devient subitement inaccessible, indésirable. On n'a plus envie de se lever, de penser au bonheur, on ne voit que la médiocrité, on constate la faiblesse, la fragilité, la fatigue.
Dure dure la vie, surtout pour ceux qui clament haut et fort leur capacité d'être simplement, béatement heureux (moi, exemple). L'homme chat ne sait pas qu'on puisse être malheureux, il pense que ça vient du dedans le malheur. Il a raison, un peu. Il a raison, la plupart du temps. Mais le désespoir, celui de ne pouvoir être heureux, n'a rien à voir avec la raison, rien du tout. Rien à voir avec le coeur qui nous rattache à ceux qu'on aime et qui nous aiment, rien. Tout à voir avec l'autre partie sombre de nous même, plus noire chez les uns que chez les autres, ce même aimant qui nous a tiré vers la vie et qui nous amène inexorablement vers la mort, cette attraction viscérale qui fait de notre vie un simple passage, la vie d'un humain parmi tant d'autres, parmi tant d'espèces, depuis des millénaires...
La force d'être heureux, je l'ai. Pas tous les jours, mais je l'ai. J'en ai surtout le souvenir, je sais que je peux. C'est cela qui me garde en vie.
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