Pierre, comment te définirais-tu?
Dans la mesure du possible, j’évite de me définir. Ça ne m’intéresse pas de m’enfermer dans une catégorie, à savoir si je suis croyant ou si je ne le suis pas, si je suis de gauche ou de droite, parce que ça ne veut plus rien dire tout ça. Donc, je vis ma vie la plus ouverte possible. Je veux être le plus libre possible, et être libre c’est être ouvert. Je considère que je suis né à un moment privilégié de l’Histoire. Je suis de ceux qui ont connu l’arrivée de l’aviation et de toutes sortes de choses qui ont complètement bouleversé la vie des hommes, qui ont rendu caduques les connaissances classiques et les interprétations religieuses de la société.
La société québécoise, la société «canadienne-française», n’est pas toujours une société dans laquelle il est facile de vivre parce que le problème de l’identité, on le traîne avec soi à la journée longue. C’est quoi un vrai Québécois, un vrai ceci ? Êtes-vous une vraie femme, un vrai homme ? On se pose constamment ces questions. Il faut absolument tout cataloguer. Ça révèle une insécurité profonde, et cette insécurité est un des aspects marquants de notre culture. On a par ailleurs l’obsession de vouloir arrêter le Temps. C’est complètement utopique ! Le temps qui a passé depuis qu’on se parle est irrécupérable. La nature, l’univers, sont en mouvement, tout est en mouvement, en déséquilibre, en porte-à-faux. Donc, cela va à l’encontre des valeurs que notre société québécoise - surtout canadienne-française - a voulu se donner et tient encore à se donner.
(...)
Regrettes-tu quelque chose?
Être obligé de mourir. Je le prends pas.
Le texte intégral (pdf) de cette entrevue : « Brève rencontre avec Pierre Gauvreau » dans Le Saint-Armand, vol. 2 no 6, juin 2005 .
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