Cette injection de capitaux va permettre à Eolite Systems d’entrer dans une phase d’industrialisation et de commercialisation de ses lasers à fibre. La fabrication en série est prévue pour l’an prochain. L’unité de production (à Pessac) est en train d’être montée.
« Au départ, nous pensions cibler le marché des écrans plats, explique Philippe Métivier, Président de la jeune entreprise. Mais, aujourd’hui, ce qui tire l’activité, c’est la fabrication de cellules solaires. »
Et d’après lui, la forte vague du photovoltaïque devrait durer 2 à 3 ans.
Pour simplifier, Philippe Métivier compare un laser à un marteau-piqueur optique : il grave à très haute cadence, fait des petits trous, trace des lignes, découpe des matériaux comme le silicium, le verre, ou des matériaux organiques comme des couches plastiques minces.
« On prend un substrat, la plupart du temps du verre, on dépose des couches, et entre chaque dépôt de couche, on trace des pistes au laser, comme dans une imprimante laser », professe-t-il.
Intérêt des lasers d’Eolite par rapport aux concurrents : ils offrent une meilleure cadence, un meilleure rendement, et donc une meilleure puissance.
« On place une nouvelle technologie au cœur du laser impulsionnel, à savoir de la fibre optique, précise Philippe Métivier. Le rendement du laser est meilleur. »
Le rendement d’un laser traditionnel est mauvais, autrement dit l’énergie électrique en entrée se traduit par une faible énergie lumineuse. Les tout premiers lasers exposaient des rendements de quelques pourcents : 1 kW à la prise, quelques dizaines de watts en sortie.
Avec des lasers à fibre, on obtient des rendements compris entre 30% et 50%. Mieux, avec Eolite, le gain de rendement par rapport aux lasers qui existent dans l’industrie est de 20 à 30%.
« On amène une meilleure efficacité écologique et économique, mais surtout une cadence augmentée d’environ 30%, » résume Philippe Métivier.
De l’énergie électrique est chargée dans un barreau. L’énergie lumineuse sort pendant une durée très courte, 10 nanosecondes.
« On a une puissance tellement forte pendant un temps extrêmement court, que lorsque vous envoyez cette énergie lumineuse sur une surface, elle fait un trou. La partie du matériau en face du faisceau est vaporisée. Et ça, à très haute cadence, à une fréquence de 100 kHz, soit 100000 tirs par seconde. »
Avec ce principe, on peut tracer des tranchées de 30 microns sur du silicium. « On parvient à faire du tracé à plus de 500 millimètres/sec, se réjouit le patron d’Eolite. Les techniques laser actuelles ne permettaient pas de dépasser 400 mm/sec. »
Les concurrents d’Eolite ne sont pas orientés sur le laser à fibre
« Nos concurrents ne sont pas des concepteurs de lasers à fibre. Notre innovation tient précisément dans le fait que nous visons des champs d’applications où le laser à fibre restait absent, remarque Philippe Métivier. Jusque-là, les lasers à fibre étaient utilisés pour faire du marquage (écriture des lettres sur les claviers d’ordinateurs par exemple). »
Mais lorsqu’il s’agit de travailler les microstructures (silicium, verre ou tous autres matériaux vraiment très fins), il faut changer de couleur et passer du laser rouge au laser vert, voire ultra-violet. Pour cela, il faut une fibre très spéciale. Il se trouve qu’Eolite est l’une des seules entreprises au monde à disposer d’un laser à fibre vert et ultra-violet.
Eolite peut atteindre des longueurs d’onde plus courtes, autrement dit des tracés plus fins. Avec la même fibre, le laser du Français peut être configuré sur des longueurs d’onde de 1030 nm (IR) à 250 nm (UV) en passant par le vert (515 nm). Tout cela avec le même laser auquel sont adjoints des cristaux doubleurs ou tripleurs.
« Les acteurs du photovoltaïque veulent du Boreas (un produit d'Eolite, voir plus bas, ndlr) dans le vert », lance Philippe Métivier.
Eolite fonctionne en OEM, il vend ses lasers à des fabricants de machines outils, elles-mêmes vendues à des industriels fabricants de cellules solaires. Les clients (une demi-douzaine) du Girondin sont principalement allemands. Cela sachant que les gros intégrateurs photovoltaïques sont allemands, japonais, coréens et américains.
« Si on réussit nos premières affaires, on aura un développement très rapide, prédit Philippe Métivier. Dans l’industrie de niche du laser, quand vous avez une belle techno, vous prenez rapidement 70% de la niche. »
Premier exemple : dans les années 2000, sur la partie semi-conducteur, on a vu apparaître des acteurs comme l’Américain Cymer, dont le laser est utilisé dans la photolithographie et qui a pris 70% du marché pour engranger un CA de 500 millions de dollars en 2007. Autre exemple, l’entreprise allemande IPG Photonics, qui n’existait pas il y a 15 ans et qui vend des lasers à fibre pour la gravure sur métal, clavier, etc., réalise aujourd’hui près de 200 millions de dollars de chiffre d’affaires.
Dans le solaire, tout peut donc aller très vite pour Eolite, qui garde un œil rivé sur l’évolution future des écrans plats et des diodes électroluminescentes.
Fiche d’identité d’Eolite Systems
* Créée en 2004
* Chiffre d’affaires de 2004 à 2008 : 1 M€
* Chiffre d’affaires prévisionnel pour 2009 : entre 1 et 2 M€. Avec l’hypothèse de dépasser la barre des 10 millions d’euros dans 4 ans.
* Effectif : une quinzaine de personnes
* Management :
- Philippe Métivier, CEO
- François Salin, CTO
- Boreas : très haute puissance, très haute cadence. Coût : entre 30 k€ et 100 k€ en fonction de sa puissance (soit 30% moins cher que le marché).
- Mistral : cadence plus basse, impulsion encore plus forte, avec intensité accrue (applications très haut de gamme - l’horlogerie, découpe diamant…).
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