Utiliser la chaleur des eaux usées pour le chauffage des bâtiments. C'est une solution proposée par Lyonnaise des Eaux et baptisée « Degrés Bleus ». En réalité, la filiale de Suez Environnement a acheté une licence d’utilisation d’un brevet déposé par la société suisse Rabtherm, auteur de cette technologie.
Le principe est simple : les eaux usées des salles de bains et des appareils électroménagers ont une température moyenne comprise entre 11° et 17°. Dès lors, pourquoi ne pas récupérer les calories de ces eaux pour le chauffage de logements et de bureaux ?
Le système Degrés Bleus repose sur un échangeur placé au fond des canalisations des réseaux d’assainissement. Il comprend un circuit de canalisation en boucle fermée qui transporte de l’eau. Celle-ci est chauffée par la chaleur des eaux usées pour alimenter ensuite une pompe à chaleur (PAC) qui va permettre d'élever la température d'eau à un niveau exploitable (entre 50 et 70° C). Elle s’achemine ensuite vers une chaufferie centrale qui alimente un réseau de plusieurs bâtiments.
Particularité de taille, le système Degrés Bleus est réversible. C'est à dire qu'il peut être également utilisé en été pour climatiser les bâtiments (maisons de retraite, hôpitaux...). Enfin, il comprend un instrument permettant le suivi des performances de tous les appareils de la chaîne : la PAC, l’échangeur, le débit, la température extérieure et la température intérieure.
Une éco-innovation pleine de promesses
Au-delà de son efficacité écologique – le fabricant annonce une réduction de 60% d'émissions de gaz à effet de serre –, ce nouveau système de chauffage pourrait faire réaliser des économies conséquentes à ses utilisateurs (collectivités, institutions...). L'eau usée constitue en effet une énergie renouvelable issue de la biomasse et donc peu onéreuse. Le retour sur investissement pourrait ainsi être atteint au bout de quelques années d'utilisation malgré un prix d'installation plus élevé que pour un chauffage thermique classique. Un gain qui pourrait s'avérer encore meilleur en cas de subventions (Ademe...) ou d'augmentation du coût des énergies fossiles.
En dépit de cet horizon dégagé, Degrés Bleus se heurte malgré tout à de vraies contraintes techniques puisque le système n'est pas compatible avec l'ensemble du parc immobilier. Il nécessite en effet un débit de canalisation de l'ordre de 15 l/s par temps sec ce qui correspond à environ 8 000 à 10 000 habitants raccordés. Deuxième bémol, sa mise en place, aisée pour de nouvelles constructions, sera difficile et plus onéreuse sur des canalisations anciennes de petit diamètre. Pas de quoi « refroidir » pour autant la Lyonnaise des Eaux qui a fait de Degrés Bleus le symbole de ses actions en matière de développement durable.
Baptiste Roux Dit Riche
Trois questions à…
Gilles Gombert, Directeur de la diversification, Lyonnaise des Eaux (filiale de Suez environnement).
Quelles sont les origines du projet Degrés Bleus ?
Le procédé repose sur un brevet suisse qui date d'une dizaine d'années. A l'époque, une vingtaine de réalisations ont été menées à Bâle, Zurich ou dans le canton de Vaud. En France, nous avons lancé Degrés Bleus fin 2007. Il s'agissait de réveiller une technologie qui combine écologie et économie au moment où le prix du brut grimpait.
Des projets de construction sont-ils en cours en France ?
Rien n'est bouclé mais on travaille sur des dossiers de bâtiments administratifs, de piscines ou de réhabilitations de quartier. Nous sommes les seuls à proposer cette technologie en France, même si nous sommes aussi en concurrence avec la géothermie. Si tout va bien, nous aurons deux à trois affaires réalisées avant l'été 2009.
Cette technologie n’est pas toujours adaptée à de vieilles canalisations. Quel est donc son vrai potentiel ?
Le potentiel pour cette technologie est d'environ 30 constructions pour une ville de 300 000 habitants et 5 à 10 constructions pour une ville de 100 000. Nous visons donc ce potentiel.
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