Evolution des mentalités, hausse du prix de l'essence, engorgement des réseaux urbains : trois bonnes raisons pour passer à l'heure des « transports doux ». Après le succès des vélos en libre service (Vélo'V, Vélib...), c’est au tour des scooters électriques de s'attaquer aux grandes villes. Premier arrivé sur le marché, le VS1 de Vectrix est un maxi-scooter lancé en grande pompe au printemps 2008 avec l'ouverture d'un show-room parisien. Il faut dire que le marché s'annonce juteux. Au premier semestre 2008, ce sont plus de 50000 scooters qui ont trouvé preneur en France. Un vrai filon pour l'électrique notamment sur le secteur des maxi-scooters, dont la clientèle est constituée de cadres urbains pressés. « On est sûr de notre coup, reste à savoir le temps de mutation du secteur. Mais l'utilisateur qui est motivé finira pas passer le cap, » nous confie Thierry Atthar, importateur de Vectrix pour la France.
Un tout-électrique haut de gamme
Assemblé en Pologne mais développé aux Etats-Unis, le VS1 est un deux-roues totalement électrique et donc sans émission. Il fonctionne sur un système de recharges à partir d'une prise de courant 220 volts pour un coût d'environ 60 centimes d'euros par « plein ». Les batteries NiMH ont une capacité de 3,7 kW/h pour un temps de recharge à 80% de 2h30. Le constructeur annonce ainsi une autonomie « optimiste » de 90 kilomètres.
En terme d'embonpoint, l'objet ne galvaude pas son titre de maxi-scooter avec un empattement de 1 525 mm, une hauteur de selle de 770 mm et un poids total de 230 kilos. Malgré ces mensurations, l'engin a été salué par la presse spécialisée pour son plaisir de conduite. L’absence de bruits et de vibrations rendent le maniement du VS1 agréable, pour des performances très correctes : jusqu'à 100 km/h en pointe.
Des qualités qui ne pourront faire oublier que le VS1 reste un véhicule essentiellement urbain. Son autonomie maximale empêchant une utilisation autre qu'un trajet quotidien domicile-travail. « Le problème c'est le manque de bornes de recharge. Aujourd'hui par exemple à Paris, il y a 150 bornes gratuites, 50 en travaux et Bertrand Delanoë en a encore promis 400. Avec le Vectrix, on peut monter n'importe quelle côte, réaliser n'importe quel parcours... mais il faut pouvoir recharger », résume Thierry Atthar.
Un marché en devenir
Lancé au printemps, le VS1 disposerait déjà de près de 200 immatriculations dans l'Hexagone. Aux cadres urbains se sont ajoutés d'autres types de clients : « des dirigeants qui veulent améliorer le bilan carbone de leur entreprise ou des sociétés qui proposent le VS1 à la location ». Peu encore de petits utilisateurs. La faute sans doute au prix de la monture qui a de quoi décourager les plus écologistes. L'engin est ainsi proposé à l'achat à 8 990 €. Même en pariant sur une hausse du prix de l'essence, le scooter américain tient encore difficilement le match économique face au thermique sur le moyen terme. Des promesses d'aides nationales et locales pour 2009 (abattement d'impôt, prime à l'achat...) pourraient aider à équilibrer la balance.
Ces mesures doperaient également le lancement du prochain modèle de Vectrix : un mini-scooter proposé à 3900 euros. Prévu pour l'été, il concurrencera les scooters thermiques de 50 cm3 sur le marché des particuliers et des organisations (polices municipales, distribution de colis...). D'ici là, le constructeur devra densifier son réseau de concessionnaires et de stations techniques. Pour l'instant, il en possède seulement quinze en France et uniquement dans les grandes villes. Une extension impérative si la firme américaine souhaite réaliser son objectif de 3000 scooters vendus sur le territoire national l'an prochain.
Baptiste Roux Dit Riche
Trois autres scooters électriques
* E-light : le plus léger
Egalement présenté au congrès des maires, l'E-light repose sur une batterie amovible au Lithium. Une technologie qui lui permet d'être particulièrement léger avec un poids annoncé de 62 kg. Son autonomie est en revanche plus faible que celle du scooter Vectrix (moins de 50 km). Fabriqué en Chine, il sera commercialisé en France par CEPAM au premier semestre 2009 à 1990 euros.
* E-solex : la légende
Digne héritier de son légendaire aïeul né en 1946, le E-solex est un cyclomoteur électrique. Disposant d'une autonomie d'environ 1h30, il permet d'atteindre les 35km/h. Son style inimitable (dessiné par Pininfarina) et son prix réduit (1190 euros) ont assuré son succès en France et depuis peu à l'étranger.
* Tri'Ode : le scooter électrique à 3 roues
Développé par la société Véléance pour les professionnels, le Tri'Ode est un prototype de tricyle électrique modulable. Capable de transporter de petite charge (50 kg), ce véhicule ciblera les petits trajets des collectivités et entreprises. Il devrait disposer d'une autonomie de 50 km pour une vitesse réglementaire de 45 km/h.
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