Même si Dieu n'a rien à voir là-dedans, Allelujah !
Je montrais du doigt la semaine dernière l'irresponsabilité et la crédulité des consommateurs qui achétent des vêtements à bas prix et s'insurgent en même temps des conditions de travail dans les "sweatshops" fabriquant ces produits (voir le billet sur GAP)...Voici en quelques mots exactement ce que je voulais dire, entretien paru dans Libération ce matin...
Il faut aller chercher cet avis original, peu dans l'air d'un temps où l'on parle consommation à outrance, baisse des prix dans les hypermarchés (rapport Attali) au risque de causer la mort des petits commerces, à Berkeley...mais quelle voix ! Ancien secrétaire d’Etat à l’Emploi de Bill Clinton de 1992 à 1996, Robert Reich est aujourd’hui professeur d’économie à Berkeley :
Sans le savoir, à chaque fois que nous cherchons la bonne affaire, en faisant nos courses ou en investissant à la Bourse, nous affaiblissons indirectement le contrat social et sacrifions une partie des valeurs auxquelles nous sommes attachés en tant que citoyens.
(...) mon cerveau de consommateur commande des livres en ligne, parce que c’est moins cher et plus pratique, mais mon cerveau de citoyen défend par principe les petites librairies indépendantes. J’achète les billets d’avion les moins chers, et pourtant je soutiens les revendications des travailleurs aériens syndiqués. D’autres font leurs courses à Wal-Mart tout en diabolisant cette entreprise comme le pire des employeurs.
Les entreprises ne peuvent pas être responsables socialement et ne le seront pas. Elles prétendent l’être parce que c’est bon pour leur image. Mais l’idée qu’elles vont sacrifier des dividendes ou de bonnes affaires pour leurs clients, au nom d’un «bien public» abstrait, est abusive, voire dangereuse, car elle détourne le public de sa responsabilité d’établir les règles. Cela le conduit à croire que, grâce à la bonne volonté et à la moralité des PDG, les entreprises agissent dans l’intérêt du public, alors qu’elles ne le font pas.
Sous Clinton, je me suis battu pour un système des impôts qui récompenserait les entreprises qui, par exemple, versent des indemnités importantes quand elles licencient ou dont les PDG sont payés de manière proportionnée par rapport à leurs employés. Je pensais que, sur le long terme, ces entreprises s’en sortiraient mieux, attireraient davantage les consommateurs et les investisseurs. Mais ce n’était qu’un souhait. Et le long terme dure toujours.(...) Ce n’est que de la communication. Et nous ne passons pas les lois qui la contraindraient à respecter l’environnement.
Finalement, loin de se reposer sur la bonne volonté des patrons et des conseils d'administration (comme le clamait Juppé il y a quelques années) dont le seul but, que ce soit pour une petite ou grand entreprise, est la rentabilité et le profit, la seule solution viable est donc d'édicter des lois contraignantes pour que la responsabilité des entreprises devienne une réalité...
Je montrais du doigt la semaine dernière l'irresponsabilité et la crédulité des consommateurs qui achétent des vêtements à bas prix et s'insurgent en même temps des conditions de travail dans les "sweatshops" fabriquant ces produits (voir le billet sur GAP)...Voici en quelques mots exactement ce que je voulais dire, entretien paru dans Libération ce matin...
Il faut aller chercher cet avis original, peu dans l'air d'un temps où l'on parle consommation à outrance, baisse des prix dans les hypermarchés (rapport Attali) au risque de causer la mort des petits commerces, à Berkeley...mais quelle voix ! Ancien secrétaire d’Etat à l’Emploi de Bill Clinton de 1992 à 1996, Robert Reich est aujourd’hui professeur d’économie à Berkeley :
Sans le savoir, à chaque fois que nous cherchons la bonne affaire, en faisant nos courses ou en investissant à la Bourse, nous affaiblissons indirectement le contrat social et sacrifions une partie des valeurs auxquelles nous sommes attachés en tant que citoyens.
(...) mon cerveau de consommateur commande des livres en ligne, parce que c’est moins cher et plus pratique, mais mon cerveau de citoyen défend par principe les petites librairies indépendantes. J’achète les billets d’avion les moins chers, et pourtant je soutiens les revendications des travailleurs aériens syndiqués. D’autres font leurs courses à Wal-Mart tout en diabolisant cette entreprise comme le pire des employeurs.
Les entreprises ne peuvent pas être responsables socialement et ne le seront pas. Elles prétendent l’être parce que c’est bon pour leur image. Mais l’idée qu’elles vont sacrifier des dividendes ou de bonnes affaires pour leurs clients, au nom d’un «bien public» abstrait, est abusive, voire dangereuse, car elle détourne le public de sa responsabilité d’établir les règles. Cela le conduit à croire que, grâce à la bonne volonté et à la moralité des PDG, les entreprises agissent dans l’intérêt du public, alors qu’elles ne le font pas.
Sous Clinton, je me suis battu pour un système des impôts qui récompenserait les entreprises qui, par exemple, versent des indemnités importantes quand elles licencient ou dont les PDG sont payés de manière proportionnée par rapport à leurs employés. Je pensais que, sur le long terme, ces entreprises s’en sortiraient mieux, attireraient davantage les consommateurs et les investisseurs. Mais ce n’était qu’un souhait. Et le long terme dure toujours.(...) Ce n’est que de la communication. Et nous ne passons pas les lois qui la contraindraient à respecter l’environnement.
Finalement, loin de se reposer sur la bonne volonté des patrons et des conseils d'administration (comme le clamait Juppé il y a quelques années) dont le seul but, que ce soit pour une petite ou grand entreprise, est la rentabilité et le profit, la seule solution viable est donc d'édicter des lois contraignantes pour que la responsabilité des entreprises devienne une réalité...
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