jeudi 29 novembre 2007

Télérama et son "expert" sur les Syndicats...

Bien dommage que Télérama ait totalement revu son site Web, l'intéressant entretien avec Dominique Andolfatto, présenté comme un "spécialiste" des syndicats, n'y est du coup pas accessible. Un "spécialiste" des syndicats, donc. Sans plus précision, à part une liste d'ouvrages publiés ces dernières années.

Cette imprécision sur ce qui fonde ce statut (autoproclamé?) d'expert m'a mis la puce à l'oreille, surtout si l'on lit attentivement l'entretien qui suit...

  • Sur la prédominance des cheminots dans les récents conflits :
"Et surtout, les cheminots détiennent une force de nuisance que les électriciens d'EDF n'ont plus à cause de l'automatisation des réseaux." Aaahh si tout était automatique, il est clair que les grèves auraient moins d'impact sur la vie quotidienne des français et sur la vie économique du pays...Les revendications des grévistes aboutiraient-elles dans ce cas ? L'idée même de négociations entre employés et employeurs aurait-elle un sens ? Ce "spécialiste" se pose-t'il la question ?

  • Il note aussi chez les syndicats "cette passion pour la révolution, l'idée qu'un autre monde est possible. De tout temps, des organisations syndicales se sont construites en reprenant cette utopie." Il faut accepter la mondialisation et sa variante néo/ultra-libérale, et tout autre projet de société est donc utopique !

  • Sur l'évolution de la CGT, avec des cadres réformistes et une base plus "révolutionnaire" :
"Dans le conflit de la SNCF, la CGT a adopté une ligne réformiste. Il y a certes des résistances." Des résistances à quoi ? Ce terme laisse à penser que ces résistances sont d'ordre archaïques, à l'encontre d'une évolution naturelle et souhaitable. Accepter donc une réforme des régimes spéciaux ?


  • Sur l'anticipation du conflit à la SNCF :
"On aurait pu imaginer une évolution du statut des personnels de la SNCF avec les nouveux entrants, comme à France Télécom où, malgré l'opposition de SUD, on est arrivé à faire évoluer les choses." Encore une fois, malgré les Trotskystes de SUD, les choses évoluent, ouf, cette réforme concernant 500 000 personnes devait se faire, les régimes spéciaux mettant en péril le système entier de retraite !

  • A propos du recul de la syndicalisation :
"De plus, il y a aujourd'hui plus de gens au travail qu'il y a vingt ans, et les contrats de travail ne sont pas plus précaires qu'avant-guerre !" Et la précarisation généralisée qui caractérise notre société depuis une dizaine d'années ? Et la paupérisation d'une partie toujours plus importante de la population ? L'accroissement des inégalités ? Une fiction ?

  • A propos du syndicat SUD (proche de la LCR), dont l'expert note le "recyclage des vieilles illusions...". N'y-a-t'il pas là clairement un parti pris ? Le terme recyclage, lourd de sens, n'est-il pas péjoratif ? Parler d'illusions quand on scande "Nos vies valent plus que leurs profits "? Pourquoi serait-ce une illusion ?


  • Sur la réforme des syndicats, le spécialiste préconise de "supprimer toutes les aides publiques..."...Pour que, comme nos universités, les syndicats soient financés par les entreprises privées ? Il est clair que cela donnera plus d'indépendance encore à ces organisations, et encore plus de pouvoirs pour défendre les intérêts des travailleurs !

J'ai donc cherché qui était ce "spécialiste"...C'en est en effet un, Maître de conférences en science politique (Université de Nancy II), Chercheur au Groupe de recherches et d’études politiques (GREP/Nancy II). Une liste impressionnante de publications sur le syndicalisme et des sujets connexes. Je n'ai pas réussi à déterminer dans ses quelques écrits que j'ai parcourus si ce chercheur avait une opinion politique clairement affichée. Serait-il vraiment impartial ? Les quelques extraits que j'ai mentionnés ci-dessus portent à réfléchir.

D'autres entretiens que j'ai trouvés au fil du Web :
"Sans parler de la désuétude de l'idéologie communiste qui plombe aujourd'hui les candidats qui se réclament du PCF"...encore une fois, une idéologie désuète...
"Si l’on enlève tous ceux qui travaillent dans le secteur public, ce taux tombe même sous la barre de 5%". Pourquoi ne devrait-on pas compter les salariés du public dans le taux de syndicalisation ? Ne devraient-ils pas compter doublement au contraire...?
"Le contribuable ou l’usager des services publics doit-il financer des activités syndicales à travers les personnels ainsi détachés ?" La réponse qui suit n'est pas trés claire...Le "contribuable" érigé en personne responsable, et à qui l'on devrait demander son avis sur les syndicats, et les grèves aussi ? Pas étonnant de constater que les études menés par ce chercheur, même si trés sérieuses, indépendantes, fiables etc, soient reprises par les tenants de l'anti-état, anti-fonctionnaire, anti-gaspillage des deniers publics, tels que le Cri du Contribuable (pas envie de mettre un lien vers ce magazine poujadiste voire plus), des Jean-Pierre Pernaut en puissance...


Quel est le but poursuivi par ce chercheur interrogé par Télérama, et donc le but de Télérama lui-même ? la mort des syndicats ? Pour aboutir à quoi, une société dans laquelle le travailleur doit accepter toute réforme, aussi régressive soit-elle ?


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