Plus de la moitié des Universités bloquées...
Pourquoi cela?
Une loi, adoptée au Parlement, sans concertation aucune. Une loi qui modifie entièrement le fonctionnement profond des universités.
Mais laissons parler les premiers concernés, c'est-à-dire non pas les étudiants (la plupart connaissent-ils réellement la loi et ses conséquences ?), mais les universités elles-mêmes : sur le site de Sauvons La Recherche sont répertoriées les motions concernant le projet de loi pour l’université votées par les conseils universitaires. Même si cet inventaire n'est sans doute pas à jour, il est trés instructif.
Prenons-en quelques extraits : toutes les motions ici rassemblées dénoncent "l'absence de communication, (...) les délais par trop rapides qui président à la préparation de cette loi, [l'attachement au] caractère démocratique du fonctionnement de l’Université, garanti jusqu’ici par la loi de 1984", et insiste sur l'obtention de moyens supplémentaires pour les universités.
Une autre université (Paris XI) dénonce "un Conseil d’administration réduit, avec de 20 à 30 membres, dont seulement 8 à 14 enseignants-chercheurs, enseignants ou chercheurs élus, 3 à 5 élus étudiants, 2 ou 3 élus IATOSS, mais 7 ou 8 personnalités extérieures nommées par le président, ce qui ne permettrait pas dans une université comme Paris Sud 11 la représentation de l’ensemble de la communauté universitaire dans sa diversité et ses spécificités", puis "le mandat du président passe à quatre ans, et est désormais renouvelable. Les seuls élus du CA (13 à 22 personnes) désigneront comme président toute personne ayant « vocation à enseigner dans l’établissement ». Le président peut donc désormais n’avoir aucune attache dans l’établissement et être étranger aux métiers de l’enseignement et de la recherche."
Pour les recrutements d'enseignants-chercheurs, "les commissions de spécialistes sont remplacées par des comités ad hoc, désignés par le CA et désormais chargés des recrutements ; ces comités sont composés au moins pour moitié d’extérieurs, et majoritairement de spécialistes de la discipline. Le lien entre les membres de ces comités et la discipline des postes à pourvoir est beaucoup plus ténu qu’auparavant. Rien ne garantit plus la publication nationale des emplois et l’ouverture d’un concours selon un calendrier nationalement défini."
Des pouvoirs accrus : "le président peut recruter, sur les ressources propres de l’établissement, des agents contractuels pour occuper des emplois d’IATOSS catégorie A, d’enseignement ou des emplois scientifiques. Le président est responsable de l’attribution des primes et le CA peut créer des dispositifs d’intéressement afin d’améliorer certaines rémunérations."
Enfin, " le CA définit les principes généraux de répartition des obligations de service des personnels enseignants et de recherche entre les activités d’enseignement, de recherche et les autres missions… "
Au final, l'on aboutit à un système où :
- les présidents ont tous les pouvoirs (pas étonnant que la Conférence des Présidents d'Université s'est déclarée en faveur de cette loi!) ;
- les syndicats ne sont plus représentés dans le CA, mais remplacés par des chefs d'entreprises ;
- les étudiants ont moins de poids dans les processus de décision ;
- le service d'enseignement, de recherche et d'administration (ce dernier point était absent de la précédente loi!) des enseignants-chercheurs est décidé par le CA (restreint) et non plus par les enseignants et/ou chercheurs eux-mêmes ;
- des primes pour "bonne recherche" sont octroyées aux chercheurs "méritants", à la seule discrétion du Président...peu nombreuses mais trés "incitatives" ;
- un professeur "star mondiale" dans son domaine pourrait être "embauché" avec un salaire fixé lui-même par le Président, d'où une disparité des salaires possible entre "bon" et "mauvais" chercheurs, mais sur quels critères...?
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